En France, voilà 3 ans, en 1998, était votée une loi contre les exclusions...

Et si c'était vrai, cela se saurait ! Mais où donc a-t-elle été posée ? Sous quelle pile de dossiers a-t-elle été oubliée ? Dans quel tiroir a-t-elle été rangée ? Il ne reste plus qu'à y aller voir !

Au commencement, tout ce que l'on sait, c'est qu'ils arrivent de la nuit. La nuit est la seule terre qui reste à ceux qui viennent de nulle part et qui se retrouvent exclus de partout. C'est un jeune couple qui débarque ainsi en pleine nuit à la gare de Nancy. Dans toute gare, chacun n'est plus qu'un SDF... Certains ne s'en sortiront jamais. Ce couple-là attend un enfant pour bientôt. Cela se voit. Attendre c'est un verbe qui veut vivre. Celui qui attend n'est pas encore un résigné. Toutes les questions du jeune couple restent sans réponses. La société est fermée à double tour. Elle s'en fout. Du moment que ce n'est pas rentable, cela ne l'intéresse pas. Heureusement, dans la nuit surgit un étrange personnage qui justement s'appelle "l'Etrange"... L'espoir arrive toujours quand on ne l'attend plus.

La première évidence, c'est que personne ne peut s'en sortir tout seul et la seconde lui est semblable, c'est que personne ne peut m'en sortir à ma place. Ces deux bras-là sont aussi nécessaires qu'ils sont urgents. L'Etrange n'attend pas, il passe aux actes. Il ne fait pas à la place du couple, il fait avec. Il ne les enferme pas dans un système d'assistance, il les appelle à grandir libres. Il ne les assomme pas de bons conseils, de "il faut que" et de "n'y a qu'à" Il leur donne la parole. En leur donnant la parole à eux qui ne l'ont jamais eue, l'Etrange les met en position de prendre le droit de contester la manière dont ils sont aidés. Cela ne fait pas forcément plaisir.

L'Etrange ne connaît qu'un chemin... Il ne suffit plus d'ouvrir son coeur, il faut d'abord sortir de ses principes pour rejoindre le coeur de l'autre...

C'est alors que l'enfant naît.... C'est alors que commence une vie nouvelle. C'est la fête.

                                                                                                         Jean Debruynne.

ps:   J'ai écrit ce texte de nul n'est censé ignorer la loi avec des mots mêmes que des personnes en situation de grande difficulté ont bien voulu me confier. La plupart d'entre elles sont sur scène, acceptant de devenir acteurs de leurs mots.